Plus de 150.000 enfants privés d’école au Mali à cause de l’insécurité, selon Amnesty International

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DAKAR, Sénégal, 22 septembre (Infosplusgabon) - Plus de 150.000 enfants ne peuvent aller à l’école dans les régions du Nord et du Centre du Mali, à cause de l’insécurité, indique un rapport d'enquête d'Amnesty International (AI) publié ce vendredi.

 

Cette enquête révèle qu’au mois de juin 2017, plus de 500 écoles étaient fermées dans les régions de Gao, Kidal, Ségou, Mopti et Tombouctou, où des groupes armés sont actifs.

 

Le document indique que certains de ces établissements scolaires dans le Centre du pays ont été forcés à cesser leurs activités, suite aux menaces directes contre le personnel d’éléments de groupes armés.

 

La publication du rapport coïncidant avec la célébration, ce 22 septembre, du 57ème anniversaire de l’indépendance du Mali, Gaëtan Mootoo, chercheur pour l’Afrique de l’Ouest à AI, a saisi l'occasion pour inviter les autorités à prendre toutes les mesures nécessaires pour empêcher la fermeture d’écoles et assurer la sécurité des enfants et du personnel scolaire.

 

''Des dizaines de milliers d’enfants paient le prix fort dans un contexte où la violence et l’insécurité persistent dans le Nord et s’étendent à présent au Centre du Mali. La privation de leur droit à l’éducation a atteint un seuil critique. Cela doit cesser'', s'est-il indigné.

 

L’organisation publie ce rapport en prélude à l’Examen périodique universel (EPU) consacré à la situation des droits humains dans le pays. Ce rendez-vous du Conseil des droits de l’Homme des Nations unies est prévu à Bamako en janvier 2018.

 

"Depuis le début de l’année 2017, les attaques commises par des groupes armés dans le Centre et le Nord du pays sont en augmentation, y compris celles visant des imams, des chefs de village et des représentants de l’État et ont donné lieu à de nombreuses atteintes aux droits humains et violations du droit international humanitaire", lit-on dans le rapport.

 

Amnesty International rappelle qu’au Mali, au moins quinze personnes, des Maliens ou des étrangers, restent otages des groupes armés.

 

Dans ce document, qui sera présenté aux experts de l’ONU en janvier prochain dans la capitale malienne,  Amnesty International dénonce la persistance de l’impunité dont jouissent les groupes armés.

 

"En 2013, à l’issue du dernier EPU concernant le Mali, ce pays a accepté la recommandation qui lui a été faite par le Conseil des droits de l’Homme d’amener les groupes armés à rendre des comptes pour les graves atteintes aux droits humains. Cependant, la situation n’a guère progressé", écrit l’organisation dans son rapport.

 

Amnesty invite les autorités maliennes à mettre en place la commission d’enquête internationale prévue par l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, conclu à Alger, en Algérie, le 15 mai 2015.

 

Cela permettra, d'après AI, de mener des enquêtes efficaces dans les meilleurs délais sur les allégations faisant état d’exécutions extrajudiciaires, de disparitions forcées et d’autres crimes de droit international supposés commis par des forces de sécurité maliennes et des groupes armés.

 

Amnesty décrit également dans son étude des conditions "effroyables" de détention dans les prisons maliennes.

 

Ses enquêteurs racontent que lors d’une visite de la prison centrale de Bamako, en avril 2017, les autorités carcérales ont confié que le centre de détention comptait 1.200 personnes pour une capacité de 400 détenus.

 

L’organisation a constaté que les prisonniers étaient obligés de dormir à tour de rôle en raison de l’espace limité.

 

Amnesty a précisé que les conditions ne se sont pas améliorées depuis ses dernières visites, en 2013 et 2014.

 

En mars 2012, à la suite du coup d’Etat du capitaine Amadou Aya Sanogo contre le président Amadou Toumani Touré, le Nord du Mali était tombé sous le contrôle de rebelles touaregs et de groupes djihadsites.

 

Il a fallu une offensive de l’Opération française "Serval" et d'armées africaines en janvier 2013 pour reconquérir la zone. Un accord de paix a été conclu en 2015 entre l’Etat et les groupes armés présents dans cette partie du Mali, mais la situation sécuritaire reste précaire.

 

 

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