Guinée : Un procès en janvier, dix ans après les massacres

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Conakry, Guinée, 3  octobre (Infosplusgabon) - Le procès des massacres du 28 septembre 2009 survenus en Guinée lors d’une manifestation pacifique, pourrait se tenir en janvier prochain, a révélé le ministre de la Justice, Mamadou Lamine Fofana jeudi.

 

 

S’exprimant devant la presse dans le cadre d’une conférence de presse, le Garde des Sceaux a dit que c’est un procès qui ne devrait pas manquer de rigueur parce que des avocats et des observateurs internationaux seront présents aux assises.

 

«Il y a au moins 500 victimes, 400 témoins qu'il faut entendre, tout cela mérite une préparation méthodique du procès. Toutes les dispositions doivent être prises », a dit le ministre, ajoutant qu’il faut une salle d’audience digne de ce nom et une bonne préparation du personnel judiciaire.

 

Le ministre a assuré que « les meilleurs magistrats » seront choisis, précisant que trois Chambres seront constituées, dont une d'instruction ad hoc qui s’occupera des points litigieux qui pourraient apparaître à l'audience.

 

«On fera tout pour respecter l'intimité des témoins qui accepteront de témoigner", a-t-il dit, ajoutant que les bailleurs de fonds sont prêts à aider la Guinée dans l’organisation du procès.

 

Lors d'une précédente conférence de presse, le ministre avait dit que le procès coûterait 10 millions d'euros, dont les 70% seront débloqués par le gouvernement guinéen.

Au cours de la conférence de presse du ministre, la présidente de l’Association des victimes, parents et amis (AVIPA) des massacres du 28 septembre, Mme Asmaou Diallo, assure que les souvenirs de ces « tristes et douloureux événements» restent vivaces chez les victimes qui, dit-elle, réclament justice.

 

Venus manifester pacifiquement au Stade du 28 Septembre en 2009 à l’appel des partis politiques et des acteurs de la société civile, les participants qui entendaient dénoncer la volonté de la junte militaire de ne pas céder le pouvoir, ont été pris à partie par des militaires qui ont tiré à balles réelles et violé publiquement plusieurs filles et femmes.

 

Le capitaine Moussa Dadis Camara, chef de la junte d’alors, qui avait pris le pouvoir en décembre 2008 au lendemain du décès du Président Lansana Conté, en exil au Burkina Faso depuis environ une décennie suite à la tentative d'assassinat sur sa personne, a toujours nié sa responsabilité dans ces événements.

 

Selon un collège d’enquêteurs dépêché par les Nations unies en Guinée, environ 157 personnes ont été tuées, tandis que des dizaines de femmes et de jeunes filles ont été violées dans l’enceinte du stade.

 

L'ancien ministre de la Réconciliation nationale, Amadou Oury Bah, a indiqué qu’il est « plus que nécessaire » qu’un procès ait lieu au plus vite sur les massacres du 28 septembre 2009 ayant touché des sympathisants et militants de l’opposition guinéenne.

 

Président d’alors de la commission d'organisation de la manifestation du 28 septembre 2009, il souhaite que la justice aille en profondeur dans ses démarches pour sanctionner les coupables de ces crimes qui ont, selon lui, endeuillé la nation guinéenne.

 

«Rendre justice est un acte de courage. La justice doit prendre des mesures pour qu'il n'y ait plus de telles choses en Guinée », a-t-il dit, assurant que « seul l’intérêt supérieur de la nation doit prévaloir ». Il plaide pour une implication de la justice pénale pour que toutes les responsabilités soient situées.

 

FIN/INFOSPLUSGABON/MPU/GABON2019

 

 

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