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Kenya : Démission d'un membre de la Commission électorale pour dénoncer la "mascarade" électorale en préparation

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Nairobi, Kenya, 18 octobre (Infosplusgabon) - Un membre de la Commission électorale indépendante et des frontières du Kenya (IEBC) a démissionné, mercredi, après avoir fui son pays, expliquant que le nouveau scrutin prévu pour le 26 octobre ne résoudrait pas la crise politique dans ce pays d'Afrique de l'Est.

 

La Commissaire de l'IEBC, Roselyn Akombe a déclaré avoir quitté ce poste après s'être rendu compte que la Commission électorale était partisane et complice de la crise politique que le pays traverse depuis l'annulation de l'élection présidentielle.

 

"Depuis plusieurs mois déjà, je m'interrogeais sur mon rôle au sein de la Commission indépendante électorale et des frontières. Mais je n'ai arrêté d'espérer que nous pouvions de manière collective trouver un moyen de résoudre la crise que traverse actuellement notre pays", a déclaré Mme Akombe dans une lettre annonçant sa démission depuis New York.

 

La Cour suprême a annulé l'élection présidentielle du 1er septembre après avoir constaté des irrégularités et des fraudes, qui selon elle, ont entaché la crédibilité de tout le processus.

 

L'IEBC a annoncé, le 26 octobre, comme nouvelle date des élections, mais les leaders et partisans de l'opposition soutiennent qu'un nouveau scrutin n'est pas possible à moins de résoudre un "minimum de problèmes", tel le renvoi de hauts responsables de la Commission électorale.

 

Les responsables de l'opposition veulent que le chef de l'IEBC, Ezra Chiloba et ses principaux adjoints soient démis de leurs fonctions avant la tenue du nouveau scrutin ordonnée par la Cour suprême.

 

Dans sa lettre de démission, Mme Akombe, qui s'est plainte d'avoir reçu des menaces pour sa vie et pour les membres de sa famille, a déclaré : "J'ai longuement hésité à prendre la décision d'abandonner l'équipe de mes agents sur le terrain et mon pays. Ma décision de quitter l'IEBC va décevoir certains d'entre vous, mais ce n'est pas faute d'avoir essayé de rester. J'ai fait de mon mieux étant donné les circonstances".

 

"Parfois, il faut savoir se retirer, en particulier quand des vies sont en jeu. La Commission est devenue une partie à la crise actuelle. La Commission est assiégée", a affirmé Mme Akombe.

 

Avant sa démission, la Commissaire, qui était principalement responsable de la formation des équipes de terrain, a fait une tournée dans la partie occidentale du Kenya, qui est la plus touchée par les manifestations de rues actuelles.

 

L'ex-Commissaire a expliqué qu'il était devenu, de plus en plus, difficile de continuer à assister à des réunions plénières où des Commissaires venaient avec des idées partisanes et non pas pour discuter des problèmes qui se posaient.

 

"Il est devenu de plus en plus difficile de passer à la télévision pour défendre des positions. Je condamne cet état fait dont nous partageons la responsabilité collective. J'en suis venue à la conclusion que je n'apporte plus une contribution significative à la Commission et à mon pays en tant que Commissaire", a-t-elle déclaré.

 

Mme Akombe a affirmé avoir eu le coeur brisé, ces derniers jours, en écoutant les agents de terrain, dont la majorité sont véritablement disposés à faire de leur mieux, lui faire part de leurs inquiétudes pour leur sécurité.

 

Elle a partagé les comptes-rendus détaillés des équipes dans quatre des comtés les plus touchés par les manifestations en cours - Nairobi, Siaya, Kisumu et Homa Bay - avec l'espoir que cela permettrait de tempérer les positions.

 

"Au contraire, ils ont été accueillis avec les réactions les plus extrêmes de la plupart des Commissaires, qui tiennent à ce que l'élection ait lieu même au prix des vies de nos agents et des électeurs. C'est inadmissible de la part de n'importe quel parti d'interrompre, d'attaquer et de blesser nos équipes à Mumias, Bungomba, Homobay, Siaya et Kisumu comme ils l'ont fait aujourd'hui. Ces actes doivent être condamnés par tous et des mesures doivent être prises contre leurs auteurs", a soutenu Mme Akombe.

 

L'ex-responsable de la Commission électorale a indiqué qu'il fallait comprendre que quand la Cour suprême avait donné l'ordre à l'IEBC d'organiser l'élection présidentielle dans un délai de 60 jours, les conditions politiques actuelles n'existaient pas.

 

"Il aurait donc été logique que la Commission soit franche avec le peuple kényan et dise clairement les difficultés liées à l'organisation d'une élection libre, transparente et crédible", a poursuivi Mme Akombe.

 

Elle a estimé qu'il était essentiel que tous les acteurs politiques et la Commission fassent une pause pour revoir là où ils sont en train de mener le pays.

 

"Il n'est pas trop tard pour épargner notre pays de cette crise. Il faut juste quelques hommes et femmes intègres qui se lèvent pour dire que nous ne pouvons pas poursuivre l'organisation de l'élection du 26 octobre 2017 comme elle est actuellement prévue", a-t-elle souligné.

 

Mme Akombe a déclaré que la Commission devait reconnaître que l'élection telle que prévue ne pouvait pas répondre aux critères élémentaires d'un scrutin crédible pour plusieurs raisons.

 

"Pas quand le personnel reçoit des instructions de dernière minute sur des modifications techniques et de la transmission électronique des résultats".

 

Alors que le leader de l'opposition, Raila Odinga a annoncé son retrait de la course à la présidentielle, le personnel de l'IEBC a reçu comme instruction de n'entrer que les résultats obtenus par MM. Odinga et Kenyatta dans les kits électroniques transmettant les résultats et d'entrer manuellement les résultats des autres candidats sur les formulaires de transmission des résultats.

 

L'IEBC n'est pas en mesure d'organiser des élections libres et justes parce que dans certaines régions du pays, la formation des agents qui vont siéger dans les bureaux électoraux est faite dans la précipitation par crainte des attaques des manifestants.

 

Les Commissaires et les agents de terrain sont intimidés par les acteurs politiques et les manifestants et craignent pour leurs vies.

 

L'ex-Commissaire a affirmé que les hauts responsables du secrétariat et les Commissaires servent des intérêts politiques partisans.

 

La Commission doit faire face à d'innombrables procès devant les tribunaux et elle en perd la plupart.

 

Dans la dernière affaire judiciaire en date, le président de l'IEBC, Wafula Chebukati a perdu en appel devant la Cour suprême, sa demande d'être autorisé à retoucher les résultats des élections après les avoir vérifiés.

 

Mme Akombe a soutenu qu'il était impossible d'organiser une élection crédible quand un avis juridique était dénaturé pour convenir à des intérêts politiques.

 

"La Commission, dans sa situation actuelle, ne peut sûrement pas garantir une élection crédible, le 26 octobre 2017. Je ne veux pas participer à une telle parodie de l'intégrité électorale", a déclaré Mme Akombe.

 

"Nous sommes confrontés aujourd'hui à une crise politique que la Commission ne peut résoudre seule. Résolvons, dans un premier temps, cette crise avant de tracer la voie à suivre pour une élection présidentielle crédible. Les leçons de 2007/2008 sont encore trop fraîches dans les mémoires pour qu'on les oublie", a conclu la Commissaire.

 

 

FIN/INFOSPLUSGABON/UIK/GABON 2017

 

 

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