Burkina: la veuve de Sankara réclame la lumière sur l’assassinat de son époux 30 ans après

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Ouagadougou, Burkina Faso,  15  octobre (Infosplusgabon) -  Mariam Sankara, veuve de Thomas Sankara, a réclamé dimanche justice et vérité pour son défunt mari et de ses douze compagnons, trente ans après leur assassinat.

 

« La requête de la société civile et des familles est claire. Nous voulons connaître au plus vite les commanditaires et les exécutants de cet assassinat et ceux des autres crimes », a écrit la veuve de Sankara dans une déclaration publiée jeudi à l’occasion des activités de commémoration du trentenaire du drame.

 

Elle a souligné que l’assassinat du Président Sankara et de ses compagnons, le 15 octobre 1987, a interrompu une expérience de développement originale et prometteuse de l’histoire de l’Afrique contemporaine.

 

« A travers sa politique, Thomas a défendu, en donnant lui-même l’exemple, les valeurs essentielles telles que l’intégrité, l’honnêteté, l’humilité, le courage, la volonté, le respect et la justice », affirme Mariam Sankara depuis Montpellier, en France, où elle s’est retranchée depuis 1990 avec ses deux enfants.

 

En mobilisant les différentes composantes de la société, Sankara s’est battu, de façon acharnée, contre la dette, pour le bien-être de tous les Burkinabè, la promotion du patrimoine culturel burkinabè et l’émancipation de la femme. « Il a incité ses concitoyens à se prendre en charge pour vivre dignement. Bref, il a refusé la soumission au diktat des plus puissants de ce monde, a pris la défense des plus faibles et des plus défavorisés », se rappelle-t-elle.

 

Pour la veuve de Sankara, la révolte populaire de fin octobre 2014 qui a chassé Blaise Compaoré au pouvoir, « a permis au peuple de reprendre la parole pour exiger, entre autres, la fin de l’impunité, la réouverture du dossier de justice sur l’assassinat de Thomas Sankara et ses compagnons, celui de Norbert Zongo et tant d’autres ».

 

La décision prise au Burkina Faso par les autorités de la transition de rendre enfin justice à Thomas Sankara a suscité un immense espoir au Burkina, en Afrique en général et dans le monde. « Mais on est toujours dans l’attente de la justice », dit-elle.

 

« Retarder la quête de vérité, c’est jouer le jeu des assassins de Thomas Sankara et de ses compagnons. Ne pas rendre justice, c’est refuser une sépulture digne pour Thomas Sankara et ses compagnons, c’est empêcher les familles de faire leur deuil », a-t-elle plaidé.

 

Mariam Sankara s’est réjouie de l’initiative visant à ériger un mémorial à la mémoire de Thomas Sankara. « Nous sommes attachées, comme nombre de nos compatriotes, à la défense et à la sauvegarde de la mémoire de Thomas Sankara. Je tiens à saluer cette initiative de la société civile, conduite par l’association Cimts (Comité International pour le Mémorial Thomas Sankara (…) Toutefois, la famille tient à ce que ce mémorial ne soit pas construit dans l’enceinte du Conseil de l’Entente qui rappelle de douloureux souvenirs en raison des assassinats et des tortures qui ont marqué ce lieu », a-t-elle dit.

 

Elle a en outre ajouté qu’avec toutes ces volontés de valorisation de la mémoire de Thomas observées à travers le monde, on se rend compte, avec le temps, que Thomas Sankara était un visionnaire. « Conscient des actions des détracteurs de la révolution, il savait qu’il était incompris parce qu’il était en avance sur son temps. Il dira alors : " Tuez Sankara, des milliers de Sankara naîtront ". Ceci est devenu une réalité. On constate aujourd’hui que la jeunesse s’imprègne de ses idées progressistes pour transformer la société », a-t-elle lancé.

 

En visite officielle au Sénégal, le président du Burkina Faso, Roch Marc Christian Kaboré, a assuré, vendredi à Dakar, qu’ « aujourd’hui, au niveau de la justice, les choses avancent » concernant le dossier Thomas Sankara.

 

 

 

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