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La lutte contre le terrorisme, nouveau motif d'ingérence de pays étrangers en Libye

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Tripoli, Libye, 20 juillet (Infosplusgabon) - L'implication des grandes puissances ainsi que des pays de la région dans la crise actuelle en Libye ne cesse de se préciser jour après jour, dévoilant son ampleur, notamment depuis la révélation dernièrement de l'appartenance à la France des missiles antichars Javelin retrouvés dans un camp du maréchal Khalifa Haftar à Ghariane et dont Paris a justifié la présence par des motivations liées à la lutte contre le terrorisme.

 

 

Mais ces ingérences en Libye des pays occidentaux outre la France, les Etats-unis et l'Italie, ainsi que des pays arabes de la région tels que l'Egypte, les Emirats arabes unis, l'Arabie saoudite, le Qatar et la Turquie qui prennent comme prétexte la lutte contre le terrorisme dont la Libye, pays en proie au chaos sécuritaire, est victime, visent d'autres objectifs inavoués, selon les observateurs en Libye.

 

La Libye n'est pas épargnée par le terrorisme favorisé par des facteurs endogènes. Ce phénomène a connu son essor dans le pays après la chute, en 2011, du régime de Mouammar Kadhafi avec la prise de contrôle par des groupes affiliées à Al-Qaïda de la ville de Derna (Est), la seule cité qui a échappé aux différentes autorités du pays jusqu'en 2018, date de sa reprise par Haftar.

 

Profitant du chaos ambiant avec l'absence d'organes de sécurité et militaire en raison de l'effondrement des structures de l'Etat libyen dans le sillage de la révolution du 17 février 2011, des groupes islamistes extrémistes se sont formés, aidés par la prolifération des armes dont plus de 23 millions circulent parmi les civils en Libye.

 

Des opérations terroristes sont menées dès 2012 à Tripoli contre l'hôtel Corinthia Bab Africa, et, plus tard, contre des ambassades et postes de police dans la capitale libyenne.

 

Né en 2012 en Irak et en Syrie, l'Etat islamique (Daech) aura un écho favorable en Libye qui servira de terreau fertile à l'expansion de ses idéologies obscurantistes et ses méthodes sectaires, expéditives et inhumaines.

 

La branche de Daech en Libye voit officiellement le jour et prête allégeance, en 2014,  au calife autoproclamé, Aboubaker Al-Baghdadi, avant de prendre le contrôle, en 2015, de la ville de Syrte (450 km Est de Tripoli), devenant la première ville appartenant à l'Etat islamique en dehors du berceau de l'organisation terroriste en Irak et en Syrie.

 

A Benghazi, le groupe salafiste, Ansar al-Chariaa, connaît son apogée et planifie d'instaurer un califat en Libye. Pour cela il a semé, depuis 2012, la terreur dans la ville avec l'attaque contre le consulat américain et l'assassinat de quatre diplomates dont l'ambassadeur Christopher Stevens.

 

Entre 2012 et 2016,  Ansar Acharia a mené une série d'explosions et d'assassinats visant des officiers et des éléments de l'armée et de la police, des intellectuels, écrivains, journalistes, artistes et simples citoyens dans le but de semer la peur et le désordre pour créer le vide et mieux régner.

 

En réaction, Haftar a lancé l'opération militaire "Karama" (Dignité) destinée à chasser les groupes islamistes de Benghazi qu'il a finalement vaincus en 2017 avant de retourner vers Derna dont il a pris le contrôle en 2018.

 

L'analyste Mohamed Salama Jlassi a affirmé que les succès remportés par Haftar malgré les énormes destructions dans les deux villes et les amalgames savamment entretenus en mettant tous ses ennemis et opposants dans la catégorie de terroristes lui ont valu l'admiration et le soutien des puissances occidentales".

 

Il a ajouté que "ce soutien occidental est apparu au grand jour en 2016 après la mort de trois soldats français dans le crash d'un hélicoptère aux côtés des troupes de Haftar à Benghazi, dévoilant, pour la première fois, une présence françaises sur le terrain".

 

"Autre victoire remportée contre le terrorisme en Libye a été l'œuvre des forces pro-gouvernement d'union nationale qui ont lancé une opération pour reprendre Syrte, entreprise qu'elles ont réussie au bout de six mois en décembre 2016 après avoir chassé les combattants de Daech qui se sont dispersés sur le territoire libyen, en particulier dans le Sud désertique du pays".

 

Pour Ayoub al-Madani, professeur d'université libyen, "l'apport des Etats-unis dans la victoire contre Daech a consisté à assurer une couverture aérienne aux troupes gouvernementales, une collaboration précieuse ayant permis de chasser l'organisation terroriste et de pourchasser le reste dans le désert libyen".

 

Il a ajouté que "la France a, entre-temps, tenté de camoufler son parti-pris en menant des médiations entre les protagonistes libyens pour affirmer sa neutralité. Plusieurs rencontres ont été organisées en France ou des feuilles de route et des engagements ont été pris pour régler la crise politique, mais sans succès en raison de la concurrence que lui livre l'Italie", ancienne puissance coloniale de la Libye.

 

"Sous couvert de lutte contre le terrorisme et l'immigration clandestine, l'Italie a déployé des navires à Tripoli et des troupes au sol pour assurer le fonctionnement d'un important hôpital de campagne dans l'Ouest du pays pour traiter les libyens blessés dans les affrontements contre Daech", a-t-il indiqué.

 

Selon lui, "cette importante présence des organisations terroristes et leurs activités intenses ont poussé les grandes puissances à s'impliquer en Libye pour apporter, selon elles, leur soutien dans l'éradication de ce phénomène dont ils subissent les contrecoups".

 

A noter que Hachim al-Obeidi, petit frère de Salman al-Obeidi, auteur de l'attentat meurtrier en 2017 à Manchester, a été extradé mercredi par la Libye pour son implication dans la préparation de l'attaque suicide contre le concert de la chanteuse américaine Ariana Grande à la Manchester Arena.

 

Ces pays occidentaux pensent qu'il faut mener la lutte en amont dans les pays où se développent les groupes terroristes pour pouvoir les contrer.

 

Le militant de la société civile, Abdelbasset al-Warfeli, a estimé que "l'offensive éclair menée en janvier 2019 dans le Sud de la Libye par l'Armée nationale libyenne ayant permis à Haftar de prendre plusieurs villes et deux champs pétrolifères, dont al-Charara, le plus grand gisement pétrolier, a contribué à lui forger une image et une stature de dirigeant fort auprès des pays occidentaux et étrangers disposant d'une armée disciplinée, capable de juguler la menace terroriste en Libye et mettre fin au chaos sécuritaire dans le pays".

 

A rappeler que lors de cette opération militaire dans le Sud, le maréchal Khalifa Haftar a expliqué que son objectif était d'expulser les groupes terroristes, les trafiquants et autres bandes de gangsters de la région.

 

De ce fait, pour al-Warfeli, "Haftar est perçu comme incarnant une force salvatrice qui va sortir le pays de ce chaos imposé par les groupes armés et milices et freiner les groupes terroristes, à l'instar du Président al-Sissi en Egypte".

 

"C'est pourquoi dès le début de l'offensive contre Tripoli qu'il a placée comme d'habitude sous le leitmotiv de la lutte contre le terrorisme, Haftar a bénéficié du soutien de la France, aussi bien matériel que politique. Paris a œuvré en coulisses pour éviter que le Conseil de sécurité, qui s'est réuni à plusieurs reprises en session à huis-clos, condamne son protégé", a-t-il souligné.

 

Il est rejoint par le journaliste libyen Hamza al-Cherif qui a soutenu que "la France a joué un rôle ambigu en continuant à rassurer le gouvernement d'union nationale et le président du Conseil présidentiel, Fayez al-Sarraj, de son soutien, tout en fournissant matériel, conseillers militaires et couverture politique à Haftar".

 

M. al-Cherif s'est demandé "comment peut-on expliquer la présence d'armes de pointe appartenant à la France dans un camp de Haftar à Ghariane, une ville abritant la logistique et tout le dispositif de l'offensive militaire contre Tripoli?"

 

"Avançant des arguments qui n'ont convaincu personne en Libye, Paris s'est réfugié derrière l'alibi de la lutte contre le terrorisme trop commode pour faire avaler la pilule aux Libyens et à l'opinion publique internationale et française".

 

Même crédo, selon lui que "pour le président américain, Donald Trump, qui a, dès la première semaine de l'offensive, eu un entretien téléphonique avec Haftar, selon de la Maison Blanche qui explique que le locataire du Bureau ovale s'est enquis de la lutte contre le terrorisme et les possibilités de coopération et d'appui des Etats-unis, ainsi que de la sécurisation des gisements pétroliers en Libye".

 

Il a ajouté qu'"en réalité, ce sont les richesses pétrolières et gazières de la Libye qui suscitent la convoitise des puissances occidentales, ainsi que des pays de la région qui veulent avoir un accès privilégié à ces ressources".

 

S'interrogeant sur l'intérêt des Emirats arabes unis, du Qatar, de la Turquie ou de l'Arabie saoudite qui se trouvent à des milliers de km de la lutte contre le terrorisme en Libye avec laquelle ils ne sont pas frontaliers".

 

Ainsi, l'argument de la lutte contre le terrorisme n'est qu'un paravent pour masquer les véritables intentions des pays étrangers en Libye, à savoir, un accès aux énormes ressources énergétiques dont regorge ce pays de l'Afrique du Nord.

 

 

 

 

FIN/INFOSPLUSGABON/ZUR/GABON2019

 

 

 

 

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